"Les "langages" non verbaux utilisent tout le corps comme vecteur principal de leurs "messages", qu'il s'agisse du corps de l'émotion et de l'affect, de l'expressivité corporelle, de celui de la sensori-motricité, voire directement du soma. Le langage verbal ne vient pas se substituer aux modalités préverbales à formes corporelles que nous venons d'évoquer, il vient les compléter et les réorganiser au moment de son installation, mais sans les faire disparaîre.

C'est à partir de cette question que je propose de mettre au travail l'hypothèse selon laquelle les expériences précoces, et en particulier celles qui ont été éprouvées dans un contexte de type traumatique, "reviennent" au sein de la vie psychique de l'adulte sur un mode proche des langage précoces; c'est à dire utilisant des formes non verbales, référées à l'affect ou aux formes représentations-choses comme l'acte, la gestuelle, la posture ou le soma. Je propose donc de considérer que certaines manifestations cliniques, qui s'actualisent au sein de la rencontre clinique ou de la relation transférentielle, doivent être comprises en fonction de leur tentative de venir "narrer" ou signifier un pan de l'histoire subjective. Elles tentent de raconter l'histoire de ce qui n'a pu être inscrit et historisé à partir de l'appareil de langage. Elles doivent donc être considérées comme des témoignages et des signifiants des états et éprouvés subjectifs des périodes qui précèdent la mise en oeuvre du langage verbal ou de ce qu lui échappe." René Roussillon, psychanalyste spp, professeur de psychologie à l'université de Lyon II, in Le transitionnel, le sexuel et la réflexivité, "La conversation primitive et son devenir", Dunod, 2008. and "La mère" de Rembrandt.