jeudi 27 mai 2010

Nothing

"Une main qui se pose sur l'épaule ou la cuisse d'un autre corps n'appartient plus tout à fait à celui d'où elle est venue: elle et l'objet qu'elle touche ou empoigne, forment ensemble une nouvelle chose, une chose qui n'a pas de nom et n'appartient à personne; et il est question à présent de cette chose particulière et qui a ses limites définies".
Rainer Maria Rilke (1903), " Auguste Rodin", Oeuvres I ( Prose), Paris, Le Seuil, 1966. and Santorin in Grece.

mercredi 26 mai 2010

Psuchè

"L'ancrage du psychique dans la psuchè grecque est pour Freud fondamental. C'est une façon, non de l'opposer au corps, mais au contraire de l'en rapprocher. ... Je rappellerai que dans la période archaïque et en partiuculier chez Homère, psuchè n'est pas l'âme mais le fantôme caractérisant l'homme mort et errant, un double qui peut revenir en songe comme image (eidolon). Sur les vases grecs psuchè est sempblable au corps, mais elle en est le double sans consistance: pas de psuchè sans un corps auquel elle renvoie ... Psuchè est une ombre mais c'est une ombre froide et pétrifiée, il lui manque la chaleur de la vie. Dans les traditions Pythagorienne et Orphique, Psuchè reste une image. Mais elle ne revêt plus la forme d'un simulacre du défunt avant la mort; elle est le double de l'être vital et se manifeste sous forme de rêve. Enfin avec l'inversion des valeurs accomplie par Platon, la psuchè acquiert les traits caractéristiques que nous connaissons bien: c'est l'âme immortelle qui constitue l'être réel: "le corps n'étant que l'image ressemblante qui accompagne l'âme" (Platon, Les lois, 959b ). ... Le corps est un obstacle, une prison, un tombeau (soma-sèma) auquel nous sommes attachés "comme l'huitre à sa coquille" (Platon, Phèdre, 250c ). ... "La psuchè a un caractère "démonique": elle est dans l'homme une parcelle du divin" (J.P.Vernant, "Psuchè, simulacre du corps ou image du divin"). Car la purification est une séparation, mais aussi une concentration des énergies, "un rassemblement de l'âme en elle-même à partir de tous les points du corps" (Platon, Phèdre 67c). Le Phédon ne devrait pas être dissociée de celle du Phèdre, et notamment du mythe qui présente l'âme comme un attellage ailé composé d'un bon et d'un mauvais cheval, donc divisé, mélangé, pour qui la reminiscence est un exercice difficile. Pour cet exercice fondamental, le guide que propose le Phèdre, comme le Banquet d'ailleurs, est cet Eros que Freud n'aura garde d'oublier. ... L'organe de l'âme est conçu comme un organe on ne peut plus corporel: son agitation, son exitation sont de nature corporelle. Le corps s'éloigne du corps-cadavre; il est celui d 'Eros aux prises avec des désirs divers".
F. Coblence, "La vie d'Âme. Psyché est corporelle et n'en sait rien", 70° Congrès des PLF, Athènes 2010. and Auguste Rodin, Fugit amor, Musée Rodin, Paris.