" Autrement dit, l'analysé restitue le mouvement de l'inconscient à l'état brut tandis que, selon vos propres termes, l'écrivain "travaillé par l'inconscient, le travaille en retour" °
"Il peut paraître paradoxal de dire que l'association libre et l'écriture élaborée renvoient au même fond. Et c'est cela qui choque. Sans doute n'y a-t-il pas d'écrivain qui, à travers ses recherches formelles, ne vise à atteindre cet ordre de réalité qui n'est pas du langage. Mais certains écrivains sont, plus que d'autres, hantés par ce qui se passe sur la scène du psychisme, parce qu'il existe chez eux une perméabilité de l'inconscient au préconscient. Quand bien même ils méconnaîtraient l'existence de l'inconscient, ils savent bien qu'il se passe en eux des phénomènes qui viennent d'on ne sait où et qui les visitent de l'intérieur. Tout écrivain, comme d'ailleurs n'importe qui, a son idée de ce qui le hante et se donne des raisons pour l'expliquer. Mais certains d'entre eux subissent cette pression de l'intérieur de manière plus contraignante"
A. Green, La lettre et la mort, Promenades d'un psychanalyste à travers la littérature: Proust, Shakespeare, Conrad, Borges ..., Denoël, 2004.
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° A. Green, "Ecrire la psychanalyse", in Nouvelle Revue de Psychanalyse, automne 1977, p.60.