vendredi 25 septembre 2009

Eros

"Tout le bruit de la vie provient surtout de l'Éros... De l'Éros et du combat contre l'Éros !''
Sigmund Freud , "Le Moi et le ça " (1923), in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981.
"Dès lors, André Green propose de concevoir la sexualité, telle que la psychanalyse la fait apparaître et l'interpréter, comme constituant une chaîne érotique. Cette chaîne doit être conçue comme le déploiement d'une série de maillons (de formations) qui comprennent : la pulsion et ses motions pulsionnelles, où dominent la dynamique et la décharge dans l'acte; l'état de plaisir et son corrélat, le déplaisir; le désir qui s'exprime sous la forme d'un état d'attente et de quête alimentée par des représentations inconscientes et conscientes ; les fantasmes (inconscients ou conscients) qui organisent des scénarios de réalisation de désir; le langage érotique et amoureux; les sublimations dont on connaît la richesse infinie au regard de la vie érotique."
in Le carnet Psy, à propos du 14° livre d' André Green, Les chaînes d'Eros. Actualité du sexuel, Ed. Odile Jacob, 1997.

jeudi 24 septembre 2009

Sketch

"L'expérience quotidienne nous apprend que toute production d'affect gêne le cours normal de la pensée et cela de diverses façons. En premier lieu, bien des associations sont soumises à l'oubli, sans quoi le sujet en tiendrait compte - un peu comme dans les rêves. Au milieu du trouble que me causait une grave inquiètude, il m'est arrivé, par exemple, d'oublier de me servir du téléphone récemment installé dans ma maison. La voie nouvellement tracée s'était éffacée du fait de l'état affectif. Le frayage, c'est à dire la voie ancienne, reprend la première place. De semblables oublis impliquent une perte de pouvoir de sélection, d'efficacité et de logique, tout à fait comme dans les rêves. En second lieu, s'il n'y avait pas d'oubli, des voies que l'on aurait sans cela évitées, seraient suivies, en particulier celles qui aboutissent à une décharge comme, par exemple, les actes accomplis sous l'empire de quelque émotion. Bref, la réaction affective rappelle un processus primaire non entravé. Nous pouvons en tirer certaines conclusions.
D'abord, une fois que la décharge d'affect s'est réalisée, la représentation qui l'a suscitée s'intensifie. Ensuite ... Après l'instauration d'un Moi investi, "l'attention" s'attache aux investissements perceptifs nouveaux, créés de la façon dont nous savons et va suivre, nantie d'investissements latéraux, la même voie que la quantité venant de W (les perceptions). Le déclenchement de déplaisir se trouve ainsi réduit en quantité et va agir à la façon d'un signal avertissant le Moi d'assurer sa défense normale .... Plus est intense le déclenchement de déplaisir, plus est dure la tâche du Moi. Le Moi ne peut fournir de contre-poids ... que dans certaines limites - et cela grâce aux investissements latéraux."
Sigmund Freud, "Troubles de la pensée provoqués par des affects", in l' Esquisse d'une psychologie scientifique, II° partie, écrite au crayon dans le train au retour d'une rencontre avec Fliess (cf lettre du 23 septembre 1895), achevée le 25 septembre 1895, Imago Publishing, London, 1950. trad. fr. Presses Universitaires de France, 1956.

mercredi 23 septembre 2009

The letter and dead

" Autrement dit, l'analysé restitue le mouvement de l'inconscient à l'état brut tandis que, selon vos propres termes, l'écrivain "travaillé par l'inconscient, le travaille en retour" ° "Il peut paraître paradoxal de dire que l'association libre et l'écriture élaborée renvoient au même fond. Et c'est cela qui choque. Sans doute n'y a-t-il pas d'écrivain qui, à travers ses recherches formelles, ne vise à atteindre cet ordre de réalité qui n'est pas du langage. Mais certains écrivains sont, plus que d'autres, hantés par ce qui se passe sur la scène du psychisme, parce qu'il existe chez eux une perméabilité de l'inconscient au préconscient. Quand bien même ils méconnaîtraient l'existence de l'inconscient, ils savent bien qu'il se passe en eux des phénomènes qui viennent d'on ne sait où et qui les visitent de l'intérieur. Tout écrivain, comme d'ailleurs n'importe qui, a son idée de ce qui le hante et se donne des raisons pour l'expliquer. Mais certains d'entre eux subissent cette pression de l'intérieur de manière plus contraignante"
A. Green, La lettre et la mort, Promenades d'un psychanalyste à travers la littérature: Proust, Shakespeare, Conrad, Borges ..., Denoël, 2004.
...
° A. Green, "Ecrire la psychanalyse", in Nouvelle Revue de Psychanalyse, automne 1977, p.60.