jeudi 24 septembre 2009

Sketch

"L'expérience quotidienne nous apprend que toute production d'affect gêne le cours normal de la pensée et cela de diverses façons. En premier lieu, bien des associations sont soumises à l'oubli, sans quoi le sujet en tiendrait compte - un peu comme dans les rêves. Au milieu du trouble que me causait une grave inquiètude, il m'est arrivé, par exemple, d'oublier de me servir du téléphone récemment installé dans ma maison. La voie nouvellement tracée s'était éffacée du fait de l'état affectif. Le frayage, c'est à dire la voie ancienne, reprend la première place. De semblables oublis impliquent une perte de pouvoir de sélection, d'efficacité et de logique, tout à fait comme dans les rêves. En second lieu, s'il n'y avait pas d'oubli, des voies que l'on aurait sans cela évitées, seraient suivies, en particulier celles qui aboutissent à une décharge comme, par exemple, les actes accomplis sous l'empire de quelque émotion. Bref, la réaction affective rappelle un processus primaire non entravé. Nous pouvons en tirer certaines conclusions.
D'abord, une fois que la décharge d'affect s'est réalisée, la représentation qui l'a suscitée s'intensifie. Ensuite ... Après l'instauration d'un Moi investi, "l'attention" s'attache aux investissements perceptifs nouveaux, créés de la façon dont nous savons et va suivre, nantie d'investissements latéraux, la même voie que la quantité venant de W (les perceptions). Le déclenchement de déplaisir se trouve ainsi réduit en quantité et va agir à la façon d'un signal avertissant le Moi d'assurer sa défense normale .... Plus est intense le déclenchement de déplaisir, plus est dure la tâche du Moi. Le Moi ne peut fournir de contre-poids ... que dans certaines limites - et cela grâce aux investissements latéraux."
Sigmund Freud, "Troubles de la pensée provoqués par des affects", in l' Esquisse d'une psychologie scientifique, II° partie, écrite au crayon dans le train au retour d'une rencontre avec Fliess (cf lettre du 23 septembre 1895), achevée le 25 septembre 1895, Imago Publishing, London, 1950. trad. fr. Presses Universitaires de France, 1956.

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