"Croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes psychanalytiques possibles, s'imaginer que les patients guérissent toujours, penser que l'histoire de la psychanalyse est un long fleuve tranquille ... voilà pour les illusions. Constater les difficultés, reconnaître les échecs, comprendre les crises et leur compléxité, voilà pour les déillusions. Précision essentielle: cet exercice de lucidité n'est pas déstiné à jeter la thérapie avec le divan. Il vise au contraire à ouvrir aux découvertes de Freud un nouvel avenir.
Ni lendemains qui chantent, ni surlendemains qui déchantent, mais plutôt la réflexion au cas par cas, en fonction de l'histoire de chacun, et des ajustements progressifs qui s'inventent. Fruit d'un demi-siècle d'expériences et de réflexions, l'essai remarquable d'André Green, "Illusions et désillusions du travail psychanalytique", est courageux et salutaire. Il s'adresse d'abord à ceux qui partagent au quotidien cette aventure. L'inhabituel, c'est qu'un clinicien de première grandeur prenne le risque d'exposer des cas dont il n'a pu venir à bout, qu'il reconnaît n'avoir su comprendre et traiter. Mais qu'il a soutenus, accompagnés, aidés malgré tout ... Scruter les difficultés des cures classiques, examiner l'apport nouveau des psychothérapies, travailler continuellement les concepts et les pratiques, c'est pour le psychanalyste assurer l'avenir, faire que l'aventure freudienne continue."...
Roger Pol-Droit, à propos de "Illusions et désillusions du travail psychanalytique," d'André Green, Ed. Odile Jacob, Paris, 2010. in Le Monde du 11/06/10. and Déesse ayant perdu la tête, Agora antique, Athènes.
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