"C’est ainsi que, face aux retards de la psychiatrie en Syrie, aux difficultés que Rafah rencontre pour introduire la psychanalyse dans un milieu dominé par le behaviourisme et le comportementalisme, face à la peur de dire «Je » et « non » dans un pays où la tradition n’incite pas à la parole singulière, et de surcroît sous un régime de violence et de répression aggravées, c’est auprès d’un jésuite français, puis d’un jésuite hollandais, et quelques autres dont un jeune jésuite syrien qui a eu le courage de critiquer la hiérarchie de l’Eglise complice du régime de Damas (dans un texte paru en août 2011 dans un journal syrien), et très précisément dans les lieux de prières des jésuites de Damas, - que Rafah Nached finit par entreprendre un travail de thérapie de groupe, fondé sur le psychodrame, avec un collègue jésuite et psychanalyste lui aussi.
Que dit cet acte, à l’origine strictement clinique ? Il dit : « N’ayez pas peur ! ».
Vous m’avez bien entendue, je suis en train d’esquisser une comparaison entre le travail analytique de Rafah Nached et…les propos de Jean-Paul II qui ont déclenché Solidarnosc – avant de conduire, dans la foulée et suite à une série de causes économiques, politiques et sociales, à la chute du bloc communiste lui-même. Mon rapprochement risque de choquer beaucoup de personnes dans cette salle. Je le maintiens. Une comparaison n’est pas raison. Sans établir d’équivalence entre les psychodrames de Rafah pour soigner la peur, et l’appel d’un Pape en Pologne, et tout en suggérant une ressemblance, la figure rhétorique maintient les irréductibles différences entre les deux champs : la Syrie et la Pologne, Rafah et JP2. Ce paradoxe qui produit une sidération, vous invite à transformer le vide de pensée, non pas en agressivité, mais en ce désir de signifiance, qu’on appelle une curiosité psychique. C’est elle que Rafah essaie de faire naître chez ceux qui ont peur. N’ayez pas peur, vous pouvez savoir et le dire, « Scilicet », dit-elle… mais en arabe. C’est bien avec cette fragile étincelle, la curiosité psychique, que Rafah s’est levée face au pouvoir syrien. Et c’est elle que j’essaie d’entretenir aujourd’hui en nous, pour que nous puissions donner un avenir à cet acte modeste, scandaleux, qu’est la clinique de Rafah, et qui inquiète tout régime dictatorial. ... Enfin, le groupe de Rafah Nached tient à signaler qu’il reste attentif aux « nouvelles maladies de l’âme » produites par l’actualité. Il travaille par exemple avec des réfugiés irakiens : leurs douleurs, chocs et violences subis ou exercés ; et cherche à « faire émerger quelque chose qui vient de notre langue, de notre culture », disent ces collègues cités par Rafah. « Nous ne voulons pas faire de la psychanalyse un empire dont Paris est la capitale »." Julia Kristeva, 09/10/2011, in http://www.kristeva.fr/rafah_nached.html.

Vous m’avez bien entendue, je suis en train d’esquisser une comparaison entre le travail analytique de Rafah Nached et…les propos de Jean-Paul II qui ont déclenché Solidarnosc – avant de conduire, dans la foulée et suite à une série de causes économiques, politiques et sociales, à la chute du bloc communiste lui-même. Mon rapprochement risque de choquer beaucoup de personnes dans cette salle. Je le maintiens. Une comparaison n’est pas raison. Sans établir d’équivalence entre les psychodrames de Rafah pour soigner la peur, et l’appel d’un Pape en Pologne, et tout en suggérant une ressemblance, la figure rhétorique maintient les irréductibles différences entre les deux champs : la Syrie et la Pologne, Rafah et JP2. Ce paradoxe qui produit une sidération, vous invite à transformer le vide de pensée, non pas en agressivité, mais en ce désir de signifiance, qu’on appelle une curiosité psychique. C’est elle que Rafah essaie de faire naître chez ceux qui ont peur. N’ayez pas peur, vous pouvez savoir et le dire, « Scilicet », dit-elle… mais en arabe. C’est bien avec cette fragile étincelle, la curiosité psychique, que Rafah s’est levée face au pouvoir syrien. Et c’est elle que j’essaie d’entretenir aujourd’hui en nous, pour que nous puissions donner un avenir à cet acte modeste, scandaleux, qu’est la clinique de Rafah, et qui inquiète tout régime dictatorial. ... Enfin, le groupe de Rafah Nached tient à signaler qu’il reste attentif aux « nouvelles maladies de l’âme » produites par l’actualité. Il travaille par exemple avec des réfugiés irakiens : leurs douleurs, chocs et violences subis ou exercés ; et cherche à « faire émerger quelque chose qui vient de notre langue, de notre culture », disent ces collègues cités par Rafah. « Nous ne voulons pas faire de la psychanalyse un empire dont Paris est la capitale »." Julia Kristeva, 09/10/2011, in http://www.kristeva.fr/rafah_nached.html.
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