vendredi 23 mars 2012

Pictures

"Il faut l’avoir vue en vrai pour comprendre à quel point la peinture de Lucian Freud est monumentale. Il faut l’avoir vue en vrai pour savoir que ce monumentalisme ne tient pas à la taille des formats (relativement modestes dans le champ de l’art contemporain) mais à la présence de ces modèles et de ces sujets représentés de manière forte et singulière, car et c’est une règle aussi sous cet angle :
c’est en vrai que l’on peut se rendre compte à quel point il y a une beauté du réel, beauté différente des autres, beauté qui figure l’intensité des phénomènes et ne transige pas sur la valeur de son époque, ne la prenant pour aucune autre, ne rêvant pas davantage du présent que du passé, une beauté entière qui s’apparente à la violence des choses vivantes et des êtres. Voir ces peintures est sous cet angle impressionnant, saisissant mais aussi, selon les tableaux, touchant. L’art de Lucian Freud est doté d’une dimension spectaculaire doublée d’une grâce franche, robuste, humaine". Lucian Freud, Entre tensions et figures, 25 janvier 2010. http://valaurore.canalblog.com/ and Lucian Freud's Picture

mardi 20 mars 2012

Tragedia

" La région est placée sous haute surveillance : Au lendemain du drame de Toulouse, la ville Rose se réveillait dans la douleur ce mardi matin. A plusieurs coins de rue du centre de la ville, les habitants commentaient la tuerie qui a fait quatre morts, dont trois enfants, lundi dans un collège-lycée privé juif de la ville. «Nous sommes tous choqués. Beaucoup ont peur car nous sommes potentiellement tous une cible», confie Emma, une lycéenne de 16 ans, au métro Jaurès. Début de psychose ?
"C’est dans cette enseigne que le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, s’est rendu en début de matinée. La philosophie du plan Vigipirate est de protéger le plus possible sur les lieux de grande affluence et d’apporter une surveillance statique et permanente à proximité des écoles, assure-t-il. Selon lui, 200 enquêteurs, dont certains issus des services de renseignements, sont mobilisés pour retrouver l'homme le plus recherché de France.

A 11h, plusieurs centaines de personnes ont observé un temps de silence sur la place du Capitole, dans le centre de Toulouse. «C'est un grand malade celui qui a fait ça», lâche une trentenaire. «Non, ce n'est pas un fou. Dire ça, c'est l'exonérer de son geste "!

La ville est en état d'alerte maximale. Devant plusieurs magasins du centre, des vigiles contrôlent les sacs des clients, dans le quartier du Capitole ..."

Extrait du Journal de 13h00, Paris, 20 mars 2012. and Giuseppe Verdi, Opera, Il Trovatore, 19 janvier 1853.


samedi 10 mars 2012

Ringraziamento

"Monsieur le Professseur,
Laissez- moi, pour une fois, exprimer clairement ce que je vous dois, ce que beaucoup vous doivent - le courage de la psychologie. Vous avez ôté leurs inhibitions a d'innombrables personnalités, comme à la littérature de toute une époque. Grâce à vous, nous voyons beaucoup de choses qui, sinon, n'auraient été ni vues ni dites.
Tout ceci n'est pas encore clair aujourd'hui, parce que notre poésie n'est pas encore jugée d'un point de vue historique, ni dans ses rapports de causalité - encore une décennie ou deux, et l'on reconnaîtra ou était le lien qui donna tout à coup une autre audace psychologique à Proust en France, à Lawrence et à Joyce en Angleterre, ainsi qu'à quelques Allemands. Ce sera votre nom. Et nous ne renierons jamais ce grand initiateur. Pour moi, la psychologie est aujourd'hui la grande passion de ma vie (vous comprendrez cela mieux que personne). Et puis, lorsque j'aurai assez progressé, j'aimerais l'exercer à l'objet le plus difficile, à moi-même. L'autobiographie de l'epoque post-freudienne peut elle aussi être plus claire et plus audacieuse que toutes celles de nos prédécesseurs ... Avec l'affection, l'estime et la reconnaissance de votre fidèle Stefan Zweig." Stefan Zweig (1926), Correspondance avec Sigmund Freud, Kapuzinerberg 5, Salzbourg, le 8 septembre 1926. and Ritratto di vecchio uomo, Palazzo Corsini, Trastevere, Italia.

jeudi 8 mars 2012

Riposta

"Cher Monsieur,
Vous n'allez probablement pas admettre une telle interprétation, elle vous sera peut-être même intolérable, mais je ne peux pas l'écarter et elle m'est apparue cette fois ci entièrement confirmée. L'analyse nous fait supposer que la grande richesse, apparemment inépuisable, de situations et de problèmes traités par le poète est réductible à un petit nombre de "motifs originels" qui, dans la plupart des cas, trouvent leur source dans les expériences refoulées de la vie psychique de l'enfant, de sorte que ces œuvres correspondent à des rééditions déguisées, embellies et sublimées des fantaisies enfantines.
Ceci peut être très facilement montre dans la premiere nouvelle (Vingt-quatre heures de la vie d'une femme). Que l'on désigne clairement le noyau inconscient et cela paraîtra répugnant. Le motif est celui de la mère qui initie son fils aux rapports sexuels en s'offrant pour le sauver des dangers de l'onanisme, lesquels paraissent à l'enfant démesurés et mettant sa vie en péril. Certaines personnes se souviennent consciemment d'avoir eu un fantasme de cet ordre pendant la puberté ! Il ne fait jamais défaut à l'inconscient. Il sert aussi de base à tous les poèmes de la libération, par exemple aux opéras de Wagner. Pour l'élaboration poétique l'onanisme est absolument inutilisable et doit être remplacé par quelque chose d'autre; dans votre nouvelle, le jeu est le bon substitut. Le caractère contraignant, irrésistible, les rechutes en dépit des meilleures intentions, le danger mortel sont directement empruntés au modèle archaïque; le premier nom que l'onanisme avait trouve dans la chambre d'enfant était celui de "jeu" - un jeu dangereux, disait-on a l'enfant, soit on devient fou, soit on doit mourir -, et la mise en valeur des mains et de leur activité, à laquelle vous avez procédé avec une si inquiétante maîtrise, est vraiment trop révélatrice ... Vous avez fait travailler votre inconscient !" Sigmund Freud (1926), Correspondance avec Stefan Zweig, Semmering, Berggasse 19, Vienne IX, 4 sept. 1926. and Fontanella del Mascherone, via Giuglia, Roma.