mercredi 13 mars 2013

Habemus papam

"Tenemos papa": L'Amérique latine en rêvait, le conclave a exaucé ses prières en sacrant Jorge Mario Bergoglio, un prélat non pas latin mais latino, qui plus est jésuite, marquant un tournant dans l'histoire de l'Église catholique. En 2005, déjà, selon des rumeurs, l'archevêque de Buenos Aires était arrivé juste derrière Joseph Ratzinger en nombre de votes. Cette fois, pourtant, le cardinal n'était pas favori. Après le renoncement de Benoît XVI, les paris se tournaient vers un pape plus jeune que le primat d'Argentine, qui a 76 ans et un poumon en moins. S'il a conquis le conclave, c'est sûrement pour son aura, sûrement aussi pour son profil d'homme de consensus entre un parti romain conservateur et un parti des étrangers plus réformiste.

Le cardinal Bergoglio en 2009, après avoir célébré une messe à Buenos Aires.Dans une curie touchée par le scandale, l'austérité de Jorge Bergoglio, d'abord, séduit. Né le 17 décembre 1936 d'un père employé ferroviaire et d'une mère au foyer, ce descendant d'immigrés piémontais cultive un style très éloigné de la splendeur du Saint-Siège. À Buenos Aires, il a renoncé à la luxueuse demeure de l'archevêché et se contente d'un appartement à côté de la cathédrale. «Il se lève à 4 h 30 du matin et lit beaucoup», témoigne son ancien porte-parole. On ne lui connaît ni domestique ni voiture, et il n'est pas rare de le voir dans le métro ou s'asseoir au dernier rang dans les réunions. Lors de sa dernière intervention devant l'assemblée plénière, ses mots simples ont une nouvelle fois recueilli les applaudissements. Un homme qui sait parler et se taire quand il le faut, un homme habile et d'une grande profondeur spirituelle, c'est ainsi qu'on le décrit. Ce caractère a été forgé par une solide formation intellectuelle. Après un diplôme de technicien chimiste, Jorge Bergoglio intègre à 21 ans la Compagnie de Jésus et étudie la philosophie. Il terminera sa thèse en Allemagne, dont il parle la langue, revient pour enseigner et diriger l'université de San Salvador de Buenos Aires. Il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages théologiques. Peu à peu, il gravit les échelons de l'Église: Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire en 1992, puis archevêque de Buenos Aires en 1998, cardinal et primat d'Argentine en 2001. Il a également présidé la Conférence des évêques du pays et participe au Conseil épiscopal latino-américain. Une expérience de terrain dans laquelle «il a témoigné d'un fort tempérament et d'un sens politique aigu», selon son biographe officiel argentin.  Sergio Rubin, in Le Figaro, mardi 14 mars 2013, Paris.

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