"Bien entendu je ne saurais indiquer comment on effectue en soi-même une pareille conversion. Il est évident qu'il ne s'agit point là d'un acte intentionnel, volontaire; c'est un processus de défense qui se produit dans un individu lorsque l'organisation de celui-ci l'y prédispose ou s'y prête à ce moment là. On a le droit de serrer la théorie de plus près et de demander : "Mais enfin, qu'est-ce donc qui se transforme en douleurs physiques ? "
Avec prudence, on répondra:" Quelque chose qui aurait pu et qui aurait du donner naissance à une douleur morale." En se montrant un peu plus hardi et en tentant de donner une sorte d'exposé algébrique du mécanisme des représentations, on attribuera au complexe idéatif de cette inclination demeurée inconsciente une certaine charge affective et l'on dira que c'est cette dernière quantité qui a subi la conversion. Cette manière de voir aurait pour conséquence de faire penser que "l'amour inconscient" dut perdre en intensité au point de n'être plus qu'une représentation dénuée de puissance; son existence en tant que groupe psychique isolé ne serait alors rendue possible que par cet affaiblissement. Cependant le cas exposé n'est guère fait pour rendre compréhensible un sujet aussi épineux. Mais on a probablement à faire qu'à une conversion incomplète; d'autres cas permettent de penser qu'il existe aussi des conversions totales et que, dans celles-ci, la représentation intolérable a, de fait été refoulée, comme seule peut l'être une représentation très peu intense. Une fois la jonction associative réalisée, les malades affirment n'avoir plus pensé à l'idée intolérable depuis l'apparition du symptôme hystérique."
Sigmund Freud (1895), Etudes sur l'hystérie, "Le cas Mademoiselle Elisabeth v. R." , trad. fr. PUF, 1956. and Le Titien, dit Vecellio, La femme au miroir.

Sigmund Freud (1895), Etudes sur l'hystérie, "Le cas Mademoiselle Elisabeth v. R." , trad. fr. PUF, 1956. and Le Titien, dit Vecellio, La femme au miroir.
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