dimanche 31 octobre 2010

Victoria ' Home

"Le rêve est certainement absurbe et nous en convenons; mais nous avons vu par des exemples à quel point un rêve d'apparence absurbe peut être sensé.
Toutes les fonctions que l'on accorde au rêve nous paraissent bien fondées. Le rêve sert à l'esprit de soupape de sécurité; la représentation de faits nuisibles par le rêve leur enlève, selon l'expression de Robert, toute nocivité. Non seulement ces affirmations s'accordent avec notre théorie du double accomplissement de désirs, mais nous les formulons de façon plus claire que Robert. Le jeu libre des facultés psychiques se retrouve chez nous dans la façon dont le préconscient laisse faire le rêve. -"Le retour de la vie psychique à l'état embryonnaire dans le rêve" et la définition de Haveloock Ellis: "an archaic world of vast emotions and imperfect thoughts", nous paraissent être d'heureuses anticipations de notre théorie qui voit agir dans la formation du rêve des modes de pensée primitifs, réprimés pendant le jour. Nous avons fait nôtre la remarque de J.Sully selon laquelle "le rêve fait revivre nos personnalités successives, nos anciennes façons d'envisager les choses, les impulsions et les réactions qui nous ont dominé jadis". Chez nous comme chez Delage, le réprimé est le ressort du rêve.
Nous sommes d'accord avec Scherner quand au rôle qu'il attribue à l'imagination dans le rêve et quant à ses interprétations; mais nous souhaiterions qu'il leur assignât une autre place. Ce n'est pas le rêve qui crée l'imagination, c'est l'activité imaginaire inconsciente qui joue, dans la formation des pensées du rêve, un rôle considérable. Nous devons à Scherner d'avoir indiqué les sources des pensées du rêve, mais presque tout ce qu'il attribue au travail du rêve doit être mis au compte de l'activité inconsciente pendant le jour: c'est elle qui succite le rêve, aussi bien que les symptômes névropathiques. Nous avons du séparer le travail du rêve de cette activité: il est bien différent et beaucoup plus cohérent."
Sigmund Freud (1900), L'interprétation des rêves, ch. 7, V, in "Le refoulement", trad. fr. PUF, 1926. and The Regina (1850), Queen Victoria ' Homes at Nice.

mardi 19 octobre 2010

Elisabeta v. R ...

"Bien entendu je ne saurais indiquer comment on effectue en soi-même une pareille conversion. Il est évident qu'il ne s'agit point là d'un acte intentionnel, volontaire; c'est un processus de défense qui se produit dans un individu lorsque l'organisation de celui-ci l'y prédispose ou s'y prête à ce moment là. On a le droit de serrer la théorie de plus près et de demander : "Mais enfin, qu'est-ce donc qui se transforme en douleurs physiques ? " Avec prudence, on répondra:" Quelque chose qui aurait pu et qui aurait du donner naissance à une douleur morale." En se montrant un peu plus hardi et en tentant de donner une sorte d'exposé algébrique du mécanisme des représentations, on attribuera au complexe idéatif de cette inclination demeurée inconsciente une certaine charge affective et l'on dira que c'est cette dernière quantité qui a subi la conversion. Cette manière de voir aurait pour conséquence de faire penser que "l'amour inconscient" dut perdre en intensité au point de n'être plus qu'une représentation dénuée de puissance; son existence en tant que groupe psychique isolé ne serait alors rendue possible que par cet affaiblissement. Cependant le cas exposé n'est guère fait pour rendre compréhensible un sujet aussi épineux. Mais on a probablement à faire qu'à une conversion incomplète; d'autres cas permettent de penser qu'il existe aussi des conversions totales et que, dans celles-ci, la représentation intolérable a, de fait été refoulée, comme seule peut l'être une représentation très peu intense. Une fois la jonction associative réalisée, les malades affirment n'avoir plus pensé à l'idée intolérable depuis l'apparition du symptôme hystérique."
Sigmund Freud (1895), Etudes sur l'hystérie, "Le cas Mademoiselle Elisabeth v. R." , trad. fr. PUF, 1956.
and Le Titien, dit Vecellio, La femme au miroir.

dimanche 10 octobre 2010

Homosexuality

"La reconnaissance du facteur organique de l'homosexualité ne nous dispense pas du devoir d'étudier les processus psychiques qui sont à son origine. Le processus typique, maintenant établi par l'observation d'innombrables cas, consiste en ce que le jeune homme fixé jusqu'alors d'une manière intense à sa mère entreprend quelques années après l'écoulement de la puberté une conversion, s'identifiant lui-même à la mère et recherchant des objets d'amour dans lesquels il puisse lui-même se retrouver et qu'il puisse aimer comme la mère l'a aimé. Un caractère distinctif de ce processus est l'instauration, habituellement pour des années, de cette condition d'amour: les objets masculins doivent avoir l'âge qu'avait le sujet quand s'est produite la transformation. Nous avons pris connaissance de divers facteurs qui contribuent vraisemblablement à ce résultat avec une force variable. Tout d'abord la fixation à la mère, qui rend plus difficile la fixation à un autre objet féminin ... Plus tard nous avons encore appris qu'un puissant motif pour le choix d'objet homosexuel était la déférence ou l'angoisse qu'inspirait le père, puisque la significaton du renoncement à la femme est qu'on renonce à la concurence avec le père (ou avec toutes les personnes mâles qui interviennent à sa place). Les deux derniers motifs, le maintien de la condition du pénis ainsi que le désistement, peuvent être portés au compte du complexe de castration. Liaison avec la mère-narcissisme-angoisse de castration, nous avions jusqu'alors découvert ces facteurs , au reste nullement spécifiques, dans l'éthiologie psychique de l'homosexualité." Sigmund Freud (1922), "Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l'homosexualité", trad. fr. in Névroses, Psychoses et Perversions, PUF. and Gian Lorenzo Bernini (1624), The "David".

samedi 9 octobre 2010

Jalousy

"Sans doute la jalousie qui tire son origine d'une telle projection a-t-elle un caractère presque délirant, mais elle ne résiste pas au travail analytique qui découvre les fantasmes inconscients d'infidélité chez le jaloux lui-même. Les choses s'aggravent avec la jalousie de la troisième couche, celle qui est proprement délirante. Elle ausi provient de tendances à l'infidélité qui ont été refoulées, mais les objets de ses fantasmes sont du même sexe que le sujet. La jalousie délirante correspond à une homosexualité en fermentation et peut prétendre légitimement tenir sa place parmi les formes classiques de la paranoia. En tant que tentative de défense contre une motion homosexuelle trop forte elle pourrait être transcrite (chez l'homme), par la formule:
"Je ne l'aime pas, c'est elle qui l'aime".
Dans le cas d'un délire de jalousie on sera préparé à trouver la jalousie des trois couches (1- concurentielle; 2- projetée; 3- délirante) et jamais seulement celle de la troisième.
S. Freud (1922), "Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoia et l'homosexualité", in trad. fr. Névroses, Psychoses et Perversions, PUF, 1956. and Auguste RENOIR - L'Impressionnisme , La baignoire.

vendredi 17 septembre 2010

Recollections

"Chez l'une de mes patientes, un certain symptôme hystérique tirait son origine du désir éprouvé longtemps auparavant, mais aussitôt rejeté dans l'inconscient, de voir l'homme avec qui elle avait alors conversé, la serrer affectueusement dans ses bras et lui soustraire un baiser. Or il advient, à la fin d'une séance, qu'un désir semblable surgit chez la malade par rapport à ma personne; elle en est épouvantée, passe une nuit blanche et, à la séance suivante où cependant, elle ne refuse pas de se laisser traiter, le procédé reste entièrement inopérant. Après avoir appris de quelle difficulté il s'agissait et être parvenu à la surmonter, je puis reprendre le travail, et voilà que le désir qui a tant effrayé la malade s'avère le plus proche des souvenirs pathogènes, celui même que faisait nécessairement prévoir l'enchaînement logique des faits. Les choses s'étaient déroulées de la façon suivante: le contenu du désir avait surgi dans le conscient de la malade, mais sans être accompagné du souvenir des circonstances accessoires capables de situer ce désir dans le passé. Le désir actuel se trouve rattaché, par une complulsion associative, à ma personne évidemment passé au premier plan des préoccupations de la malade. Dans cette mésalliance - à laquelle je donne le nom de faux rapport-l'affect qui rentre en jeu est identique à celui qui avait jadis incité ma patiente à repousser un désir interdit. Depuis que je sais cela, je puis, chaque fois que ma personne se trouve ainsi impliquée, postuler l'existence d'un transfert et d'un faux rapport. Chose bizzare, les malades sont en pareil cas toujours dupes".
Sigmund Feud (1895), Etudes sur l'hystérie, "Psychothérapie de l'hystérie", trad. fr. PUF, 1956. and Titien (dit), Vecellio Tiziano (1485/88-1576), Tarquin et Lucrèce.

dimanche 13 juin 2010

Success

"Avant d'en arriver à quelques réflexions terminales sur les désillusions de l'analyse, il est peut-être moins difficile de dessiner à grands traits ce qui caractérise, selon un psychanalyste, les signes de la réussite de la méthode psychanalytique. Description sans doute plus idéale que rencontrée dans la réalité. Par un renversement supplémentaire, le positif antérieurement décrit peut laisser deviner, à travers son négatif, ce qui nous paraît souvent si difficile à décrire directement. Quitte à pêcher par excès d'idéalisation, nous citerons en vrac des traits aisément reconnaissables: la variété, la diversité et la richesse des investissements, avec une priorité pour les relations avec autrui, l'absence de rigidité des fixations et des défenses, la souplesse et la mobilité du fonctionnement psychique, la capacité d'aimer et aussi de haïr sans se laisser débordé par une attitude passionnelle, la possibilité d'investir positivement les deux imago parentales ainsi que les proches, un partage pas trop conflictuel entre aimer et travailler, la possibilité, quand les circonstances l'exigent, de faire un deuil sans que celui-ci devienne interminable, la faculté de supporter les déceptions et les frustrations, ainsi que la reconnaissance du privilège d'aimer. Qui pourrait prétendre se rapprocher d'un tel idéal ?
Nous n'avons accepté de citer ces traits qu'en étant bien conscient qu'aucun être humain ne saurait les posséder sans faille et dans leur totalité."

André Green (2010), "Illusions et désillusions du travail psychanalytique", Ed. Odile Jacob, Paris. and Edvard Munch (1920 ), Deux personnes ....

vendredi 11 juin 2010

Illusions

"Croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes psychanalytiques possibles, s'imaginer que les patients guérissent toujours, penser que l'histoire de la psychanalyse est un long fleuve tranquille ... voilà pour les illusions. Constater les difficultés, reconnaître les échecs, comprendre les crises et leur compléxité, voilà pour les déillusions. Précision essentielle: cet exercice de lucidité n'est pas déstiné à jeter la thérapie avec le divan. Il vise au contraire à ouvrir aux découvertes de Freud un nouvel avenir. Ni lendemains qui chantent, ni surlendemains qui déchantent, mais plutôt la réflexion au cas par cas, en fonction de l'histoire de chacun, et des ajustements progressifs qui s'inventent. Fruit d'un demi-siècle d'expériences et de réflexions, l'essai remarquable d'André Green, "Illusions et désillusions du travail psychanalytique", est courageux et salutaire. Il s'adresse d'abord à ceux qui partagent au quotidien cette aventure. L'inhabituel, c'est qu'un clinicien de première grandeur prenne le risque d'exposer des cas dont il n'a pu venir à bout, qu'il reconnaît n'avoir su comprendre et traiter. Mais qu'il a soutenus, accompagnés, aidés malgré tout ... Scruter les difficultés des cures classiques, examiner l'apport nouveau des psychothérapies, travailler continuellement les concepts et les pratiques, c'est pour le psychanalyste assurer l'avenir, faire que l'aventure freudienne continue."...
Roger Pol-Droit, à propos de "Illusions et désillusions du travail psychanalytique," d'André Green, Ed. Odile Jacob, Paris, 2010. in Le Monde du 11/06/10. and Déesse ayant perdu la tête, Agora antique, Athènes.

jeudi 27 mai 2010

Nothing

"Une main qui se pose sur l'épaule ou la cuisse d'un autre corps n'appartient plus tout à fait à celui d'où elle est venue: elle et l'objet qu'elle touche ou empoigne, forment ensemble une nouvelle chose, une chose qui n'a pas de nom et n'appartient à personne; et il est question à présent de cette chose particulière et qui a ses limites définies".
Rainer Maria Rilke (1903), " Auguste Rodin", Oeuvres I ( Prose), Paris, Le Seuil, 1966. and Santorin in Grece.

mercredi 26 mai 2010

Psuchè

"L'ancrage du psychique dans la psuchè grecque est pour Freud fondamental. C'est une façon, non de l'opposer au corps, mais au contraire de l'en rapprocher. ... Je rappellerai que dans la période archaïque et en partiuculier chez Homère, psuchè n'est pas l'âme mais le fantôme caractérisant l'homme mort et errant, un double qui peut revenir en songe comme image (eidolon). Sur les vases grecs psuchè est sempblable au corps, mais elle en est le double sans consistance: pas de psuchè sans un corps auquel elle renvoie ... Psuchè est une ombre mais c'est une ombre froide et pétrifiée, il lui manque la chaleur de la vie. Dans les traditions Pythagorienne et Orphique, Psuchè reste une image. Mais elle ne revêt plus la forme d'un simulacre du défunt avant la mort; elle est le double de l'être vital et se manifeste sous forme de rêve. Enfin avec l'inversion des valeurs accomplie par Platon, la psuchè acquiert les traits caractéristiques que nous connaissons bien: c'est l'âme immortelle qui constitue l'être réel: "le corps n'étant que l'image ressemblante qui accompagne l'âme" (Platon, Les lois, 959b ). ... Le corps est un obstacle, une prison, un tombeau (soma-sèma) auquel nous sommes attachés "comme l'huitre à sa coquille" (Platon, Phèdre, 250c ). ... "La psuchè a un caractère "démonique": elle est dans l'homme une parcelle du divin" (J.P.Vernant, "Psuchè, simulacre du corps ou image du divin"). Car la purification est une séparation, mais aussi une concentration des énergies, "un rassemblement de l'âme en elle-même à partir de tous les points du corps" (Platon, Phèdre 67c). Le Phédon ne devrait pas être dissociée de celle du Phèdre, et notamment du mythe qui présente l'âme comme un attellage ailé composé d'un bon et d'un mauvais cheval, donc divisé, mélangé, pour qui la reminiscence est un exercice difficile. Pour cet exercice fondamental, le guide que propose le Phèdre, comme le Banquet d'ailleurs, est cet Eros que Freud n'aura garde d'oublier. ... L'organe de l'âme est conçu comme un organe on ne peut plus corporel: son agitation, son exitation sont de nature corporelle. Le corps s'éloigne du corps-cadavre; il est celui d 'Eros aux prises avec des désirs divers".
F. Coblence, "La vie d'Âme. Psyché est corporelle et n'en sait rien", 70° Congrès des PLF, Athènes 2010. and Auguste Rodin, Fugit amor, Musée Rodin, Paris.

mardi 20 avril 2010

Dear mother

"Pour ma part, je n'ai plus eu de rêves d'angoisse depuis de longues années, mais je m'en rappelle un que j'ai eu vers sept ou huit ans et que j'ai interprété environ trente ans après. Il était extrèment net et me montrait ma "mère chérie" avec une expression du visage particulièrement tranquille et endormie, portée dans sa chambre et étendue sur le lit par deux ou trois personnages munis de becs d'oiseaux. Je me réveillai pleurant et criant, et troublai le sommeil de mes parents. Les personnages très allongés, bizarrement drapés, à becs d'oiseaux, je les avais empruntés à la bible de Philippson. Je crois que c'étaient des dieux à tête d'épervier appartenant à un bas-relief funéraire égyptien. A part cela, l'analyse m'offre le souvenir d'un fils de concierge mal élévé qui avait coutume de jouer avec nous dans la prairie devant la maison; je crois bien qu'il s'appelait Philippe. Il me semble ensuite que j'ai dû entendre pour la première fois de la bouche de ce garçon le mot vulgaire par lequel on désigne le commerce sexuel et que les gens cultivés appelent du mot latin coïtus mais qu'illustrait suffisamment le choix des têtes d'épervier (dans l'argot allemand on dit völgen, de vogel, oiseau). J'avais dû sans doute deviné la signification sexuelle de ce mot à la mine de ce maître si averti des choses de l'existence. L'expression du visage de ma mère dans le rêve était celle de mon grand-père que j'avais vu peu de jours avant sa mort, râlant et dans le coma. Le sens de l'élaboration secondaire du rêve doit être la mort de ma mère, c'est ce que prouve aussi le bas-relief funéraire. c'est dans cette angoisse que je m'éveillai et je n'eus de cesse que je n'eusse éveillé mes parents. Je me rappelle que je me calmai subitement en apercevant ma mère, comme si j'avais eu besoin d'être rassuré contre sa mort. Mais cette seconde interprétation a eu lieu sous l'influence d'une angoisse déjà développée. Ce n'est pas parceque j'avais rêvé la mort de ma mère que j'étais angoissé, mais c'est parce que j'étais angoissé que mon élaboration préconsciente a interprété ainsi le rêve. Mais mon angoisse, effet du refoulement, peut se ramener à un désir obscur, manifestement sexuel, qu'exprime bien le contenu visuel du rêve." Sigmund Freud (1900), in L'interprétation des rêves, ch . 7, IV, "Le réveil par le rêve", tr. fr. PUF, Paris. (1929), Die Traumdeutung, Gesammelte Werke, t. II-III. and Antonio Canova, Psyché et l'amour, 1793, Le Louvre, Paris.

samedi 17 avril 2010

Sleeping

"In Ernest Hemminguay's short story " Now I lay Me", Nicks Adams, the writer's alter ego, stays up at night listenning to the silk worms feeding on mulberry leaves outside his army tent in Italy. Hemminguay had himself developped insomnia so severe that he was afraid to go to bed with the lights out. He struggled with spleeplessness the whole rest of his life, although this issue was often hard to separate from his other ailments. "I myself did not want to sleep", he writes, "because I had been living for a long time with the knowledge that if I ever shut my eyes in the dark and let myself go, my soul would go out of my body" ... But when someone says "I don't sleep", what exalty do they mean ?
Most people who complain that they can't sleep usualy mean that they do indeed sleep, but not long or deep enough. Perhaps a job loss or divorce is a blame, and in such cases, the insomnia usually resolves itself with time. When the insomnia is a symptom of underlying depression, a combination of therapy and anti-depressants can work ... Insomnia is a unique disorder in that the patient is also the chief dignostician. The American Academy of Sleep Medecine recomends overnight studies for all people with sleep complaints. If you're told you have insomnia, which you knew anyway, what can be done ? Often sleep doctors will prescribe cognitive behavioral therapy, which involves a set of "sleep-hygiene" rules, like advoiding stimulants and alcohols, regularizing bedtime and wake-up time, and using the bed only for sleep and sex ! While in theory "sleep hygiene " makes sense, in today's culture, which affords no time for relaxation, it's hard to put into practice ... We're on the computer at all hours and then we snuggle with our Blackberries. Our kids are even more hyperactive, texting way past their bedtimes, although today even the concept of "bedtime" sounds quaint. To compensate for being so tired in the mornings, they eat caffeinated foods, gulp energy drinks and pop Aderall and Ritalin ... So tonight many of us will be wide awake listening to the silk worms on our high-priced soun machines, afraid that our souls will leave us, afraid that we have no souls, afraid that with each passing day, this is it." Other Writing Patricia Morrisroe, in "International Herald Trbune", February 2010. and Auguste Rodin (1890), "Fugit Amor", Musée Rodin, Paris.

mercredi 14 avril 2010

Looking

“L'artiste, comme le névropathe, s'était retiré loin de la réalité insatisfaisante dans ce monde imaginaire, mais à l'inverse du névropathe il s'entendait à trouver le chemin du retour et à reprendre pied dans la réalité. Ses créations, les oeuvres d'art, étaient les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves, avec lesquels elles avaient d'ailleurs en commun le caractère d'être un compromis, car elles aussi devaient éviter le conflit à découvert avec les puissances de refoulement. Mais à l'inverse des productions asociales narcissiques du rêve, elles pouvaient compter sur la sympathie des autres hommes, étant capables d'éveiller et de satisfaire chez eux les mêmes inconscientes aspirations de désir.“ …
Sigmund Freud (1925), "Ma vie et la psychanalyse", Ch. VII, Paris, Idées Gallimard 1971, n° 169. and Henri Matisse, Baigneuse, Exposition Rodin-Matisse, Musée Rodin, Paris, hiver 2010.

jeudi 1 avril 2010

Waking

"Qu'un phénomène psychique qui provoque l'angoisse puisse être cependant l'accomplissement d'un désir, cela n'est pas non plus une contradiction. Nous en connaissons l'explication. Le désir appartient à un système, celui de l'inconscient; le système du préconscient l'a rejeté et réprimé. Mais, même en plein équilibre mental, cette domination du préconscient sur l'inconscient n'est pas absolue. On peut dire que le degré de la répression est en même temps celui de notre santé psychique. Dans la névrose les deux systèmes sont en conflit, le symptôme névropathique représente un compromis qui met provisoirement fin à ce conflit. D'autre part en effet, il ménage à l'inconscient une porte de secours, lui permet de déverser son excitation, de l'autre il laisse encore au préconscient une domination partielle sur l'inconscient. A ce point de vue, une phobie hystérique ou une agoraphobie sont particulièrement instructives. Lorsqu'un névropathe ne peut traverser seul une rue, nous disons avec raison que ce n'est qu'un symptôme. Essayons de réduire ce symptôme en l'obligeant à l'acte qu'il croit impossible. Il aura une crise d'angoisse; d'ailleurs c'est souvent une crise d'angoisse dans la rue qui a été le point de départ de l'agoraphobie. Nous apprenons ainsi que ce symptôme s'est constitué pour empêcher le développement de l'angoisse. La phobie est comme une forteresse-frontière pour l'angoisse ... Ainsi tout comme les autres produits psychiques de cette série, le rêve est un compromis, il est au service des deux systèmes et accomplit les deux désirs dans la mesure où ils s'accordent ... La restriction "dans la mesure où ils s'accordent", indique déjà qu' il y a des cas où le rêve peut échouer. Le processus du rêve est toléré parce que accomplissement d'un désir de l'inconscient. Si pour accomplir ce désir, il heurte le préconscient de telle façon qu'il trouble son repos, le rêve n'est plus un compromis, il n'a pas rempli l'autre partie de sa mission. Aussi est-il immédiatement interrompu et remplacé par un réveil complet. Il ne faut pas accuser le rêve, guardien ordinaire du sommeil, s'il l'a cette fois troublé, cela ne doit pas nous prévenir contre son utilité ... Le trouble alors sert à tout le moins à attirer l'attention sur ce changement et à déclancher les fonctions régulatrices de l'organisme. Je pense ici, on l'a deviné, au cauchemar."
Sigmund Freud (1900), L'interprétation des rêves, ch. 7, IV, in "Le réveil par le rêve, la fonction du rêve, le cauchemar", trad. fr. PUF, 1926. and William Turner (1850), Orage en mer. (1842), Tempête et orage en mer.

mardi 30 mars 2010

Nightly

"Nous pouvons nous demander maintenant d'où vient chaque fois le désir qui se réalise dans le rêve. Mais d'abord à quel contraste ou à quelle diversité appliquons-nous cette question d'origine ? Je pense : au contraste entre la vie diurne devenue consciente et une activité psychique inconsciente qui ne se manifeste que pendant la nuit. De ce point de vue, l'origine du désir pourrait revêtir les trois aspects suivants:
1° le désir peut avoir été suscité pendant le jour et n'avoir pu se satisfaire par suite de circonstanes extérieures; il reste alors pour la nuit un désir reconnu et qui n'a pas été accompli;2° le désir peut avoir surgi pendant le jour, mais avoir été rejeté; il nous reste alors un désir non accompli, mais réprimé; 3° le désir peut être sans relations avec la vie du jour et appartenir à cette catégorie de désirs toujours réprimés qui ne s'agitent en nous que la nuit.
Si nous reprenons notre schéma de l'appareil psychique, nous localiserons un désir de la première espèce dans le système préconscient; pour le désir de la deuxième espèce, nous admettons qu'il a été refoulé du système préconscient dans l'inconscient et que, s'il est conservé quelque part, ce ne peut être que là; et quand au désir de la troisième espèce nous croyons qu'il ne peut en aucun cas dépasser le système inconscient."
Sigmund Freud (1900), L'interprétation des rêves, ch. 7, III, in "L'accomplissement de désirs", trad. fr. PUF, 1926. and The Mode J. Galliano's Fashion, 2010.

mardi 23 mars 2010

Frozen split

"Tout manque risquant de réinvestir l'état traumatique, toute relation qui peut générer un retour du manque sera évitée ou gelée, "frozen", tout engagement sera ainsi restreint et avec lui la vie qui va avec. La neutralisation peut être utilisée comme mécanisme d'appoint de l'organisation narcissique ou peut-être le mécanisme principalement utilisé.
Un premier exemple clinique historiquement bien connu est celui de Norbert Hanold héros de la "Gradiva", qui pétrifie sa vie, sans doute à la suite de la mort soudaine de ses deux parents (ce que Freud ne relève pas, mais qui est présent dans l'histoire de Jensen), avant que petit à petit Gradiva-Zoé ne vienne réveiller le volcan qui sommeillait ainsi. Les caractéristiques de la clinique de l'histoire d'Hanold ne sont pas celles, contrairement à ce que Freud, qui ne possède pas à l'époque le concept de clivage, "split", développe dans son analyse, du refoulement et du retour du refoulé. Ce sont plutôt celles de la neutralisation du clivage, comme les figures du fétiche, nombreuses dans la clinique de l'Histoire, le montrent à l'évidence, que le processus de réveil que le héros révèle." René Roussillon (1999), La neutralisation énergétique, ch. 1, in "Agonie, clivage et symbolisation", PUF. and Sigmund Freud (1907), La Gradiva de W. Jensen - Lettre à Sigmund Freud à propos de la Gradiva

samedi 20 mars 2010

Zona erogena

"Une période fructueuse de traitements débuta après la découverte du motif de la première conversion. La malade commença par me surprendre en m'annonçant qu'elle savait maintenant pour quelle raison les douleurs partaient toujours d'un point déterminé de la cuisse droite et y étaient toujours les plus violentes. C'était justement l'endroit où, chaque matin, son père posait sa jambe très enflée, lorsqu'elle en changeait les bandages. Cela lui était arrivé au moins une centaine de fois et, chose bizzare, elle n'y avait jamais pensé jusqu'à ce jour; elle me livrait ainsi l'explication de la formation d'une zone hystérogène atypique. En outre, les jambes douloureuses commencèrent elles aussi à "parler" pendant nos séances d'analyse. Expliquons nous cet étrange état des choses: en général, au moment où nous commencions notre travail, la malade ne souffrait pas; lorsque par mes questions ou en appuyant sur sa tête, j'éveillais quelque souvenir, une sensation douloureuse se produisait. Elle était même généralement si intense que la malade se contractait et portait la main à l'endroit douloureux. Cette souffrance ainsi réveillée persistait tant que la patiente était la proie du souvenir; elle atteignait son point culminant à l'instant où elle allait révéler des faits essentiels et décisifs, pour disparaître avec les derniers mots de son récit. J'appris peu à peu à me servir de l'éveil de cette douleur comme d'une boussole. Lorsqu'il lui arrivait de se taire sans que la douleur eut cessé, je savais qu'elle n'avait pas encore tout dit et j'insistais pour qu'elle continua cette confession jusqu'au moment où celle-ci avait supprimé la douleur. C'est alors seulement que j'éveillais un nouveau souvenir." Joseph Breuer, Sigmund Freud (1895), Etudes sur l'hystérie, PUF, 1956. and Michelangelo Merisi da Caravaggio (1602), San Giovanni Batista, Galleria Doria Pamphilj, Roma.

mardi 2 février 2010

Della dimenticanza

"L'évitement du conflit en particulier par le déni et le clivage, engage le plus souvent le psychisme dans des impasses particulièrement pathologiques et destructrices."
"Freud revient sur le problème du clivage en 1938 dans un article fondamental: "Le clivage du moi dans le processus de défense" ... On peut aussi considérer que "L'homme Moïse et le monothéisme", poursuivent ses élaborations sur le clivage ... L'enfant répond au conflit (psychique) par deux réactions opposées, toutes les deux éfficaces. D'une part il ne se laisse rien interdire et recuse la réalité; d'autre part il assume l'angoisse face au danger de la réalité, sous forme d'un symptôme. Mais le succès est atteind ... "Au prix d'une déchirure dans le Moi, déchirure qui ne guérira jamais plus, mais grandira avec le temps. Les deux réactions au conflit, réactions opposées, se maintiennent comme noyau d'un clivage du moi." Car la fonction synthétique du Moi si importante, puisqu'elle opère la synthèse des processus du Moi et suscite l'impression d'unité de l'identité personnelle, a ses conditions particulières et peut être perturbée." D. Bourdin ( 2004) Le conflit psychique, in "De l'oubli", Armand Colin, Paris. and Sigmund Freud (1898) "Sur le mécanisme psychique de l'oubli." (1938) "Le clivage du moi dans le processus de défense". and (Le corps dénudé de la Vérité), Gian Lorenzo Bernini "La verità" (1645-1652) Galleria Borghese, Roma.

mercredi 27 janvier 2010

Natural language

"Les "langages" non verbaux utilisent tout le corps comme vecteur principal de leurs "messages", qu'il s'agisse du corps de l'émotion et de l'affect, de l'expressivité corporelle, de celui de la sensori-motricité, voire directement du soma. Le langage verbal ne vient pas se substituer aux modalités préverbales à formes corporelles que nous venons d'évoquer, il vient les compléter et les réorganiser au moment de son installation, mais sans les faire disparaîre.
C'est à partir de cette question que je propose de mettre au travail l'hypothèse selon laquelle les expériences précoces, et en particulier celles qui ont été éprouvées dans un contexte de type traumatique, "reviennent" au sein de la vie psychique de l'adulte sur un mode proche des langage précoces; c'est à dire utilisant des formes non verbales, référées à l'affect ou aux formes représentations-choses comme l'acte, la gestuelle, la posture ou le soma. Je propose donc de considérer que certaines manifestations cliniques, qui s'actualisent au sein de la rencontre clinique ou de la relation transférentielle, doivent être comprises en fonction de leur tentative de venir "narrer" ou signifier un pan de l'histoire subjective. Elles tentent de raconter l'histoire de ce qui n'a pu être inscrit et historisé à partir de l'appareil de langage. Elles doivent donc être considérées comme des témoignages et des signifiants des états et éprouvés subjectifs des périodes qui précèdent la mise en oeuvre du langage verbal ou de ce qu lui échappe." René Roussillon, psychanalyste spp, professeur de psychologie à l'université de Lyon II, in Le transitionnel, le sexuel et la réflexivité, "La conversation primitive et son devenir", Dunod, 2008. and "La mère" de Rembrandt.

lundi 18 janvier 2010

Hysterical

"Nos observations prouvent que, parmi les souvenirs, ceux qui ont provoqué l'apparition de phénomènes hystériques ont conservé une extraordinaire fraîcheur et, pendant longtemps, leur pleine valeur émotionnelle. Il faut cependant souligner, comme un fait remarquable dont il y aura lieu de se servir, que ces souvenirs , contrairement à bien d'autres, ne sont pas tenus à la disposition du sujet. Tout au contraire, la mémoire des malades ne garde nulle trace des incidents en question ou alors ne les conserve qu'à l'état le plus sommaire. Ce n'est qu'en interrogeant les patients hypnotisés que ces souvenirs ressurgissent, avec toute la vivacité d'évènements récents ... On constate effectivement que ces souvenirs correspondent à des traumatismes qui n'ont pas été suffisamment "abréagis". En étudiant de plus près les motifs qui ont empêché cette abréaction de s'effectuer, nous découvrons deux séries au moins, de conditions capables d'entraver la réaction au traumatisme.
Dans le premier groupe, nous rangeons les cas où les malades n'ont pas réagi au traumatisme psychique parce que la nature même de ce dernier excluait toute réaction ... ou parce qu'il s'agissait de choses que le malade voulait oublier et qu'intentionnellement il maintenait, repoussait, refoulait hors de sa pensée consciente.
Dans la seconde série des conditions nécessaires, la maladie n'est pas déterminée par le contenu des souvenirs mais bien par l'état psychique du sujet au moment où s'est produit l'évènement en question."
J. Breuer et S. Freud (1895) in Etudes sur l'hystérie,"Le mécanisme psychique de phénomènes hystériques, Communication préliminaire", Vienne. trad. Anne Berman, PUF, Paris, 1956. and Etty Candaule, King of Lydia, hews his wife, to Gyges.